Tourner la page

Jour 68. Mardi 22 avril 2025.

Aujourd’hui, des déménageurs viennent vider la maison de mon enfance. La maison a 46 ans, je l’ai toujours connue. Elle a régulièrement servi de lieu de vacances pour mes enfants, et de lieu de retrouvailles avec leurs cousins, ma sœur et ma mère.

Faire les cartons me donne l’occasion de voir passer de nombreux objets porteurs de souvenirs. J’ai la tentation d’emporter avec moi certains d’entre eux. La tentation de prolonger ou garder actuels ces moments passés. J’y résiste, sauf pour un coussin datant d’avant la maison. J’ai l’impression qu’il est aussi vieux que moi. Ma mère me confirme : elle l’a confectionné pour le premier logement, celui où je suis née.

Le tissu n’est même pas abîmé, alors qu’il a toujours servi.

Les objets du passé semblent plus durables que ceux d’aujourd’hui. Ils ont été conçus simplement et pour durer longtemps. Cela les rend précieux à mes yeux.

Je pars aussi avec un ustensile de cuisine permettant de couper les tomates en rondelles. J’ai toujours vu ma grand-mère l’utiliser pour faire des salades avec les tomates savoureuses cultivées par mon oncle. Cet objet symbolise à lui seul la saveur des légumes du jardin, les repas de famille et le plaisir pris à éplucher et couper les légumes avec ma grand-mère dans sa cuisine.

Je ressens bien que la tentation est vaine de vouloir garder présent ce passé. Savourer d’avoir pu le vivre et transmettre à mon tour ce que j’y ai appris sont plus importants. Ces objets gardés me permettront de savourer plus régulièrement les souvenirs qu’ils représentent. J’espère aussi qu’ils seront porteurs de mémoire pour mes enfants, nous permettant de partager encore les souvenirs de ces moments.

Et donc, plus facilement tourner cette page.