Se comparer, bonne ou mauvaise idée ?

Jour 71. Vendredi 25 avril 2025.

Il y a une personne sur LinkedIn qui communique sur les mêmes sujets que moi. Ses posts sont intéressants, plus orientés prévention en entreprise. Mais ils traitent aussi les actions possibles au niveau individuel.

Lorsque je lis ses posts, je sens en moi un mélange pas très agréable d’émotions. Que je m’empresse d’évacuer en me disant « tant mieux, si d’autres que moi traitent sérieusement ce sujet ». Cela contribuera à toucher plus de personnes car mon objectif, au final, est que chacun soit outillé pour faire face. Après tout, je ne peux pas répondre seule à tous les besoins, n’est-ce pas ?

Mais ce matin je suis allée voir ses vidéos sur Youtube. Et quand j’ai vu que la chaîne est active depuis le 19 février et qu’elle compte déjà plus de 1000 abonnés, j’ai dû me rendre à l’évidence.

Jalousie, honte, et découragement venaient de toquer à ma porte. Je ne pouvais pas les laisser dehors encore une fois. Ils ont chacun un message à me porter : je dois les écouter si je ne veux pas qu’ils reviennent, encore et encore.

Honte de n’avoir pas su produire un résultat, ne serait-ce qu’approchant. J’ai dû faire + 5 abonnés LinkedIn depuis janvier malgré toutes mes publications.

Je dois bien avouer que le découragement revient de plus en plus souvent, face à tous ces efforts qui ne semblent pas porter leurs fruits. Ce découragement m’invite à évaluer si mes efforts sont bien placés. N’y aurait-il pas un meilleur moyen de parvenir au résultat espéré ?

Mes efforts aboutissent à de nombreuses publications où je parle de moi et que je ne souhaite pas rendre trop visibles.

  • Ces publications sont en fait une autothérapie pour m’aider à me rendre visible. En m’amenant à livrer des choses que je n’aurais sans doute pas spontanément dites.
  • Elles m’aident aussi à lutter contre mon syndrome de l’imposteur : l’expérience vécue et l’auto-formation en lieu et place du cursus professionnel.

Quelle est leur valeur ajoutée pour une personne qui va mal ?

  • Je me dis que ce travail intérieur m’aidera à accompagner les personnes plus tard. Car j’aurai cette compréhension des limites et blocages, et des moyens de les dépasser.
  • Je me dis que ces récits pourront permettre à des personnes concernées de se reconnaître et leur donner confiance en moi, en ma capacité de les accompagner. Or construire la confiance est un élément clé pour permettre la demande d’aide.

Si je résume, mes efforts ne produisent pas de résultats à valeur ajoutée directe pour une personne qui va mal.

Ces publications sont-elles contre-productives ? Je ne pense pas, vu l’absence de commentaires et le léger accroissement d’abonnés.

Mais elles gagneraient à être plus précises et directes, donc que je sois capable d’énoncer clairement les choses en me mettant un.e bénéficiaire potentiel.le en tête.

Merci découragement ! Je crois que j’ai bien reçu ton message.

Jalousie, je peux comprendre : j’ai envie d’avoir la même reconnaissance et le même succès que cette personne. Cela me remplirait de satisfaction et boosterait ma confiance en moi. Mais je ne veux pas être à sa place. La mienne me plaît. Je ne veux pas non plus la copier. A part peut-être ses petits dessins tous simples que j’adore et qui font une vraie différence par rapport à mes photos maison. Mais bon, j’assume le côté DIY et mon refus de solliciter l’IA pour me générer des images. Pour finir, son succès ne m’empêche pas d’en avoir plus tard. Donc cette jalousie exprimerait plutôt ma peur de ne pas y arriver, quand d’autres montrent qu’ils en sont capables (et que cela leur semble simple vu de l’extérieur).

Le message de jalousie serait « le fait de voir d’autres réussir quand tu n’y arrives pas te met en insécurité car cela te renvoie à ce que tu ne sembles pas capable de faire ».

Et c’est là que la connexion s’opère avec la honte. Honte de ne pas être assez, de ne pas être à la hauteur, de ne pas être capable. Cela remonte à loin. Des phrases intériorisées que Big Brother, mon juge intérieur, continue de me chuchoter régulièrement. Car s’il a baissé d’un ton depuis que je le surveille à mon tour, il n’a pas abandonné sa mission : me pousser hors de ma zone de confiance. J’espère qu’un jour il comprendra qu’en faisant ainsi il la réduit d’autant.

Je réalise aujourd’hui que lui et moi avons le même besoin, élargir ma zone de confiance, mais pas la même stratégie. Il utilise le jugement comme aiguillon pour me stimuler. J’utilise l’expérimentation progressive pour me conforter.

Quelle découverte ! Qui ouvre peut-être la perspective d’un dialogue constructif pour remplacer cette guerre de tranchées historique.

Je crois avoir bien reçu le message de honte également.

Et je suis sûre que ça me permettra de voir d’un œil neuf les réussites de cette personne et de la contacter pour faire connaissance et voir si des synergies sont possibles.

En conclusion, se comparer = bonne idée si l’on prend le temps d’accueillir les messages des émotions que cela génère, mauvaise idée si l’on s’arrête à la première impression.