Jour 66. Dimanche 20 avril 2025.
Des semaines que je sais qu’elle aura lieu et que j’ai envie d’aller la voir. L’expo Banksy à Echirolles se termine dans 6 jours. Je n’ai pas pu y aller jusqu’à présent, et aujourd’hui serait le meilleur moment pour y aller seule.
Pourtant, je sens s’installer en moi un « tous ces km et au moins 2 h de route pour, si ça se trouve, 20 mn d’expo ? ». Il est suivi de près par une rafale d’arguments m’incitant à la casanerie : « la planète te dirait merci de rester chez toi », « tu as très certainement plein d’autres choses plus utiles à faire », « tu pourrais encore y aller jeudi », etc…
Mais je me connais : si je reporte à jeudi, ce sera la même chose jeudi. En pire, parce que j’aurais mes enfants et que soit je culpabiliserai de les forcer à venir, soit je culpabiliserai d’y aller sans eux.
Manifestement, mon cerveau estime insuffisant le rapport bénéfice / coût de cette visite. Je peine à trouver la motivation sans réussir à abandonner mon envie initiale. Je tente donc d’augmenter le bénéfice en envoyant un message à 2 amis que ça pourrait intéresser. Le 1er aurait été intéressé mais il a déjà quelque chose de prévu dans une autre ville. Si je pouvais lui prendre quelques photos ? Le 2ème ne répond pas. Le bénéfice reste en l’air. Caramba, encore raté.
Je tourne en rond pendant que je n’en finis pas de soupeser le poids des km vs le gain de l’expo. Le soleil s’installe et avec lui la tentation d’en profiter pour m’occuper du jardin. Quand une petite phrase finit par pointer le bout de son nez : « tu y tenais, si tu n’y vas pas, tu le regretteras et ça voudra dire que tu ne t’autorises toujours pas à te faire plaisir. »
Le plateau du bénéfice vient de retomber lourdement et la balance ne bouge plus : le coût ne fait plus le poids. Je me mets en route avant de me perdre dans une autre activité.
Je n’ai pas fait 10 km que le 2ème ami appelle : pas intéressé par l’expo, mais me propose de passer chez lui après.
Arrivée chez lui, nous discutons et je lui montre les photos. Qui lui donnent envie d’aller voir l’exposition. Au cours de notre discussion, il remercie ses parents d’avoir insisté pour l’inscrire à un club sportif lorsqu’il était ado. Le sport en question lui plaisait, mais pas l’idée d’aller se confronter aux autres. Spontanément, il ne voulait pas y aller. Ils ont insisté pour qu’il y aille. Et ça lui a fait le plus grand bien.
Je me souviens avoir passé mon adolescence à devoir faire tout un tas d’activités avec mes parents qui, pour la plupart, ne m’intéressaient pas du tout. Et je n’ai pas l’impression d’en avoir retiré un grand bénéfice. Ce qui fait que je n’arrive pas à forcer mes ados lorsqu’ils déclinent une de mes propositions, comme celle d’aller voir cette expo.
Je me mets alors à douter : aurais-je dû les forcer à venir voir cette exposition avec moi ?
Le soir, je leur montre les photos des dessins que j’ai prises. Pour leur partager le plaisir que j’ai eu à les voir et enrichir leur culture générale. Qui sait, chez eux aussi l’envie finira peut-être par peser plus lourd que le coût ?
Pour une prochaine activité, si mon intuition me dit qu’elle sera importante pour un de mes enfants, je m’accorderai le droit d’insister vraiment. En attendant, j’ai réussi à m’accorder ce plaisir, à en profiter seule, puis à le partager avec des personnes qui me sont précieuses, sans les forcer.
Finalement, je suis satisfaite de mes arbitrages du jour. Et fière de m’être autorisée à profiter de ce qui me tenait à cœur.