Jour 45. Dimanche 30 mars 2025.
Le livre « Le travail à vif – Souffrances professionnelles, consulter pour quoi ? » de Thomas Périlleux m’apporte également des paroles de personnes en souffrance.
Des témoignages et des mots utilisés pour décrire les symptômes, les ressentis, les difficultés, qui m’aident à identifier les besoins des personnes concernées.
Et dont certains me parlent particulièrement. Plus vraiment en tant que sujets de mon actualité, mais comme des traces du passé. Je reconnais des endroits par lesquels je suis passée il y a 1 an ou 2. Et l’effet est double.
Je réalise à postériori à quel point la honte a pu m’affecter par moments. J’avais bien repéré son existence en moi et ses dangers potentiels. Mais je n’avais pas fait le lien entre cette émotion et diverses difficultés physiologiques et sociales que j’éprouvais à l’époque. Désarçonnée, je ne me reconnaissais plus. Et je ne comprenais ni pourquoi, ni comment j’en étais arrivée là. Ces témoignages m’apportent donc un précieux éclairage rétroactif. Mais pas que.
Ils me montrent aussi à quel point j’ai travaillé sur moi pour désamorcer, petit à petit, ces dynamiques. Au départ avec de l’aide extérieure, lorsque j’allais vraiment mal. Puis seule, en m’auto-accompagnant à l’aide de lectures, de vidéos, de CNV (communication non violente) et d’écoute. Et le chemin que j’ai parcouru montre que c’est possible, même sans entreprendre un suivi psychologique très longue durée.
Avec le recul, les deux personnes qui m’ont le plus aidé durant les 6 premiers mois l’ont fait en « off ». L’une, professionnelle qualifiée mais suspendue, n’était plus autorisée à exercer officiellement. L’autre n’avait aucune qualification en la matière.
Je peux témoigner que la capacité à se connecter à la personne qui souffre, à l’écouter attentivement et à lui montrer d’autres chemins possibles font bien plus que la plaque de rue et l’agrément des autorités sanitaires.
Evidemment, mon engagement personnel et le temps que j’y ai passé m’ont permis d’arriver là où je suis aujourd’hui. Et ça a été un vrai travail quotidien, 7/7, 24/24 (ou presque car la nuit je dors aussi).
Je retire de ce parcours une très grande fierté. Et beaucoup de gratitude pour celles et ceux qui ont apporté leurs pierres, petites ou grosses, pour m’aider à (me) reconstruire.
Je veux à mon tour mettre mes petites pierres à disposition pour toutes celles et ceux qui ressentent le besoin de consolider ou rebâtir leur estime de travailleur.